POLICA : Dreams go


La dernière fois que j’ai croisé la route de Poliça, je l’avoue, je n’étais pas très enthousiasmé. C’était en 2022, et la « Madness » annoncée n’était pas si déjantée que ça. Alors même si je reste attaché au groupe, je suis venu ici avec un peu moins d’empressement que je ne l’aurais du. « Dreams go », comme titre, ça sent un peu la désillusion. Et moi, je pense que les émotions négatives font naître les meilleurs albums. Mais je ne m’attendais pas à celle-ci, j’avoue. Le groupe mentionne que ce disque est « une expression des tournants de la vie ». Et quel tournant pour Chris Bierden, le bassiste et fondateur, pour qui ce sera le dernier album. Certes le monsieur n’est pas mort. Mais une saloperie de maladie appelée glioblastome, qui est une tumeur cérébrale galopante, l’empêche de jouer de son instrument… et ce n’est pas quelque chose d’opérable facilement, si vous me suivez. Pourtant, le groupe a choisi de célébrer sa présence en musique plutôt que de se lamenter. Bien sûr, on ne nage pas non plus dans le bonheur ici, mais ça pourrait être bien plus sombre. Sur « Carlines », on retrouve le goût du groupe pour les titres mêlant un rythme teinté d’expérimentation à un côté mystérieux, doux et transgressif ; une très bonne entrée en matière. « Wound up » continue d’explorer une douceur tranquille, plus chaloupée, avec une pointe de mélancolie. « Revival » et « Creepin’ » sont un peu trop contemplatifs pour moi. « Wasted me » renoue avec une rythmique plus vicieuse et donc intéressante. « Li5a » et son « At least we tried » amer aussi, mais il fonctionne quand même moins sur moi. « She knows me » est un peu la surprise de l’étape avec sa guitare acoustique bientôt baignée d’effets ; hélas un peu trop inoffensive pour moi. Enfin, la chanson donnant son titre à l’album est probablement la plus lumineuse de toutes ; c’est un joli message, un joli hommage, mais je passe (du coup) un peu à côté. Globalement, ce « Dreams go » est quand même une jolie remontada du groupe à tous les niveaux, mais ne se hisse à mon sens pas encore au niveau de leurs meilleurs albums. Que réserve le futur au groupe maintenant que certaines étoiles de son ciel s’éteignent ? Espérons qu’il garde toujours la combativité dont il fait preuve ici…

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