
C’est l’arlésienne ; un groupe naît, fait un carton, un ou plusieurs membres décident que leur talent est suffisant pour se passer des autres, le groupe splitte. La deuxième partie de l’histoire est souvent la même aussi ; le / les disque(s) solo ne fonctionnent pas, le groupe se reforme des années plus tard avec la volonté de retrouver la magie des débuts. C’est là qu’on se situe, si vous n’avez pas suivi. En 2017, « Fake sugar » a couronné la carrière de Beth Ditto… Du moins, c’était le plan. Mais le virage plus pop déjà pris par Gossip sur les derniers mois avait fait fuir une bonne partie de sa fanbase ; le mal était fait. « Real power », c’est un nom qui en jette, qui promet une explosion rock, le retour d’une énergie magnétique et le frisson d’une soul blanche mais imparable. A ce titre, le premier single « Real power » se débrouille plutôt bien. Certes, les cloches et les claviers un peu disco sonnent un peu trop kitch, mais ça passe. Pour une fois, je n’arrive donc pas en traînant les pieds sur un come-back album. C’est « Act of god » qui dégaine en premier. Et il peine à m’arracher de ma torpeur du soir. La mélodie n’est pas mauvaise, mais le rythme est loin d’être trépidant, et l’enchaînement couplet / refrain n’est pas très heureuse. Je passe « Real power » pour arriver à une « Don’t be afraid » mollassonne, une « Crazy again » pas dingo. « Edge of the sun » est un peu mieux foutue, mais je ne suis pas non plus subjugué, loin de là. « Give it up for love » remet un peu plus de peps dans la matrice, avec une voix plus volontaire et un groove plus convainquant ; une « ok track » qui ne fait que relancer doucement la machine. « Turn the card slowly », « Tell me something » et « Light it up » m’éteignent complètement, « Tough » est bien trop gentillet et, bah, « Peace and quiet », quoi, je pense qu’on a compris. « Real power », c’est donc un one-shot suivi d’une foule de semi-déceptions. Et c’est bien ça qui est pire ; le disque n’est pas foncièrement mauvais, il me laisse juste complètement indifférent.