
On a déjà croisé Nytt Land par ici. C’était en 2021 avec son album « Ritual ». Cette première rencontre a été une expérience unique. La musique de Nytt Land prend ses sources là où d’autres les prennent, utilisent peut-être les mêmes instruments, emploient un langage à peu près similaire. Mais la différence contenue dans ce « à peu près » est énorme. Elle consiste en un chant de gorge et dans l’absence de cette tendance qui consiste à vouloir embellir les choses, les rendre plus rondes et plus proches de formats neo folk plus traditionnels. « Torem », comme les deux disques précédents du groupe, se concentre sur l’essence même de la musique ; l’expression de sentiments profonds, d’une urgence, d’un besoin vital. Si la beauté traverse parfois le paysage, c’est parce qu’elle y était déjà, ce n’est pas elle qui est recherchée ici. A vrai dire, on se sent plus souvent menacé que choyé au sein de ce disque. Si le metal est souvent évoqué, c’est plus au travers des ambiances et thèmes ; musicalement, « Torem » n’a rien à voir. Entre ambiances sépulcrales, rituelles, chamaniques ou ensorcelées, les neuf titres de ce nouvel album sont éminemment noirs. Mais c’est un noir terreux, pas métallique. En communion avec la nature et les énergies qui la régissent, qu’elles soient visibles ou invisibles, Nytt Land bâtit des hymnes à une vie au sein de laquelle l’instinct supplante toute forme de diktat sociétal, où l’équilibre ne se calcule pas selon la proportion vie de famille / vie professionnelle mais plutôt celle vie intérieure / vie terrestre. Si on peut encore une fois placer Nytt Land dans la grande famille neo pagan / viking folk à la Wardruna et consorts (les thèmes sont parfois similaires d’ailleurs), l’influence de la Sibérie et de ses peuples donne une autre couleur à l’album. On peut de surcroît annoncer que celui-ci est encore un peu plus sombre et brut, même s’il fait moins appel au chant guttural typique. « Torem » est donc une confirmation, une suite logique.






