
L’union cold wave et post punk fonctionne bien, on le sait déjà. Les suisses de Grey Lips en sont persuadés, puisqu’ils nous en abreuvent avec ce premier album qui annonce une noirceur certaine dès sa pochette. « Fever » et sa mélodie orientalisante qui tourne en boucle se chargent de nous hypnotiser d’entrée. « Cold » confirme l’obsession du groupe pour la mise en abîme mélodique, la teneur assez mesurée de ses titres, qui amènent une tension certaine mais la fait rarement exploser, préférant la maintenir du début à la fin, comme un train roulant à cadence régulière vers une fin inéluctable. Sur « Another one », la voix de Matthieu Hardouin se libère un peu, et apporte un peu plus de relief à un titre finalement assez pop (si on fait abstraction de sa noirceur). « A poisoned ideal » confirme également ce qu’on avait détecté dès le début ; une grosse influence post hardcore. Ce qui n’est pas étonnant quand on trace la provenance de l’une des deux composantes de Grey Lips Matthieu Hardouin : Impure Wilhelmina et Zatokrev (le parcours de Perrine Berger est plus classique et rock). « Masquerade », c’est donc la combinaison de deux sensibilités différentes, et quand celles-ci s’entrechoquent, ça donne des choses explosives. Je ne sais d’ailleurs pas quel titre je préfère ici. Même l’instrumental « Bougleone » est excellent. Allez, dans mon top, je mettrais « Cold », « Another one », « Next time » et « Masquerade ». Le côté grisâtre et désespéré de l’ensemble résonne sans fin, posant la monotonie comme le nouveau cool. « Stood up all night thinking ’bout this » ? Tu m’étonnes, il va me rester longtemps en tête ce disque !






