
Je ne suis pas un fervent défenseur du post punk, mais sa froideur et son urgence peuvent, à l’occasion, me charmer. Et ça a été le cas en 2013 avec le « Uncivilised » de Frustration, dont le « It’s gonna be the same » a laissé une trace indélébile en moi. Depuis, je porte une attention soutenue à ce que le groupe laisse échapper. « So cold streams » fait, trois ans après « Empires of shame », évoluer le son du combo vers quelque chose d’encore plus tendu et froid. « Insane », qui ouvre l’album est assez parlant, répétitif et limite rock indus. Drôle de choix pour une introduction d’ailleurs. « pulse » nous replonge dans une ambiance beaucoup plus proche de ce qu’on connaît du groupe, enlevé et rageur. Jason Williamson vient traîner son accent cockney sur une « Slave markets » très réussie aux ambiances changeantes. L’expéditive « When does a banknote start to burn ? » est classique et efficace. La doomy « Brume » au chant en français fait partie des morceaux marquants de cet album, amenant le malaise sous les projecteurs. « Some friends » calme un peu le jeu ; plus rampante et cold wave, elle fonctionne toutefois très bien. Je suis beaucoup plus partagé sur « Lil white sister », trop monocorde pour moi. Heureusement, « Pepper stray » se charge de ramener la fièvre. Enfin, « Le grand soir » me laisse sur ma faim, maintenant la tension sans jamais la faire exploser. Vous l’aurez compris, « So cold streams » ne fait pas forcément dans la facilité, et montre le visage d’une formation qui s’efforce encore de surprendre et d’évoluer. Ce n’est pas toujours auréolé de succès, mais c’est le jeu, et certainement d’autres que moi en auront une lecture différente et plus conciliante. Je ne suis pas pour autant déçu, et Frustration reste à mes yeux un acteur majeur du genre, avec ce petit supplément d’âme qui le rend unique et indispensable.