
En voilà qui aiment jouer avec les mots autant qu’avec les sons. « Kainophobia » signifie « peur de la nouveauté, de l’inconnu ». C’est assez drôle quand on pense que Ruit Hora propose quelque chose d’assez radicalement différent de ce qu’on peut trouver dans la sphère doom ou même metal ; un mélange de synth wave et de doom metal. Le groupe est né au Chili vers 2018 de la volonté d’un certain Daniel Araya Bravo de Decem Maleficivm d’explorer d’autres territoires en solo. L’histoire ne dit pas s’il a un quelconque lien de parenté avec Tom Araya de Slayer, lui-même d’origine chilienne. Bref, en tout cas, Ruit Hora sort un premier album en 2019, et décide de s’entourer d’autres musiciens pour celui-ci. Plutôt une bonne idée si on part du postulat que c’est sa qualité qui lui a permis de s’exporter et d’être aujourd’hui découvert. L’une des particularités de ce disque est de ne comporter aucune trace de guitare. Bien sûr, une basse bien saturée fait le taf, les ambiances glauques et les lignes de chant proche de l’avant-garde metal (majoritaires), du death ou du black (à la marge) complètent parfaitement, mais quand même, il fallait oser. Ruit Hora ose, effectivement. Ainsi, un « Transition towards the inevitable » va probablement en décontenancer plus d’un. Les machines ici prennent le premier plan, mais on est encore dans une forme trop expérimentale et inédite pour qualifier ça de « metal indus ». Ce qui est certain, c’est que des titres comme « Adrift » , « Pazuzu », « Kainophobia » ou « The higher you fly, the harder you fall » ont quelque chose de magique et d’enivrant, avec leur côté onirique recouvert d’une couche de parasites numériques, et qu’il est difficile de ressentir ça ailleurs. Bref, Ruit Hora, s’il a encore une courbe de progression devant lui, reste une expérience notable et un groupe pas comme les autres entre plusieurs univers.