
Poltergeist est un projet solo émergent d’un musicien de Chalon sur Saône, Ari Girard. Un projet qui va chercher ses racines dans la scène electro dark autant que dans la cold wave ou le post punk (et on pourra même déceler des influences reggae / punk), et qui déplace tout ça dans un univers personnel, une mythologie propre au projet, au sein de laquelle “La grande dame”, qui ouvre le bal et à laquelle on fait référence ici et là, semble occuper une place centrale. Poltergeist est froid, désincarné même parfois, et arbore des couleurs sombres, ternes ; c’est le contraste entre l’acidité et l’agressivité de la musique et la blancheur fantomatique de la diction qui fait l’oeuvre. Les textes se partagent entre français, allemand et anglais. Une voix féminine tout aussi volontairement monocorde vient parfois apporter son soutien. Et justement, la voix : celle d’Ari Girard a ceci de particulier qu’elle sonne homme-enfant ; ce qui peut déstabiliser l’auditeur mais qui contribue aussi à la personnalité unique du projet. Si Poltergeist n’a pas enfanté un genre, il a en a en revanche une lecture propre, ce qui peut expliquer le coup de coeur et le soutien de la part de Vitalic. Il faut dire aussi que les deux styles partagent quelques sonorités ; ainsi monsieur Vitalic insère à l’occasion des titres de Poltergeist dans ses mix et je reste persuadé que beaucoup n’y voient que du feu. “Kampfer” est assurément un bon album. Peut-être aurais je préféré qu’il soit un peu plus rythmé, ou qu’il exprime encore plus son univers au travers des textes (les titres chantés étant bien plus mémorables que les instrumentaux). Mais dans l’état, il fait tout de même naître des attentes certaines.