Après un passage à vide, « El pintor », sorti en 2014 (quand même…) marquait le retour d’un Interpol plus en phase avec ce qu’il proposait à ses débuts, à savoir un rock énergique mais sombre et vénéneux. Quatre ans plus tard, est-ce que le groupe est toujours dans les mêmes dispositions ou a-t-il encore changé d’avis ? Il faut dire que la collaboration de Paul Banks avec RZA à l’occasion d’un album plutôt récréatif et réussi avait de quoi faire planer un doute sur la suite de la carrière des new yorkais. Bref, les revoilà en forme et prêts à bouffer du bitume. La voix de Banks est moins grandiloquente mais garde une certaine emphase, les guitares se font plus incisives, les rythmiques plus variées et pop. Sans pour autant paraître déplacées ou montrer une quelconque inclinaison à la radiophonie ou presque (un « Mountain child » ou un « It probably matters » pourraient quand même avoir de la gueule sur les ondes). A vrai dire, on pénètre ce nouveau disque sans en attendre grand-chose, et au fur et à mesure de son écoute, un changement imperceptible s’opère en nous : on passe d’une écoute polie mais peu captivée à autre chose. On ne peut pas dire, une fois l’heure du bilan arrivée, qu’on soit totalement convaincus, mais il y a ici quelque chose, une étincelle, qui fait que l’on sait qu’on le réécoutera en redoublant d’attention. Et peu à peu, insidieusement, les chansons de « Marauder » font leur chemin. Pas aussi bonnes que d’autres auparavant, ok. Un peu branlantes parfois : on croirait que l’expression « mi figue mi raisin » a été inventée pour elles. Mais elles sont là, stoïques, et on ne sait si on les aime parce qu’elles sont vraiment bonnes ou juste parce qu’on veut y croire à nouveau, mais une chose est sûre, ça marche. Une fois de plus. Un retour aussi plaisant qu’inespéré !
Interpol : If you really love nothing
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