Si l’ukrainien White Ward s’était pointé comme un bon gros pudding sur un gâteau à la crème en 2017, cette-fois il ne me cueillera pas de la même façon, je suis préparé. Au pire. J’espère bien que non. « Futility report » montrait des capacités et un potentiel assez vertigineux. White Ward y déversait un post black empreint de jazz, d’electro et de post rock, mais qui tapait un peu trop dans le « classique » pour tirer la couverture à lui. Le combo remet donc le couvert deux ans plus tard. Mais avec quelles intentions ? Eh bien, à peu près les mêmes. Suis-je déçu ? Oh que non. On retrouve ces moments suspendus, plus ambiants, ce saxophone bienfaiteur… Mais aussi ces riffs tranchants comme des rasoirs et ces racines de pur black. Et tandis que ce nouvel album avance, on se rend compte des efforts faits par le groupe pour rendre tout ça plus homogène, ou au moins plus intéressant. Et il y parvient généralement. Bon, le « Shelter », là, avec sa surdose de free jazz, il ne passe pas. Mais le reste s’avère assez passionnant. Le saxo s’installe, il fait vraiment partie du paysage maintenant, et c’est un vrai plaisir de l’entendre débarquer, de l’introductif « Love exchange failure » où il louvoie façon dark jazz à la Bohren, aux parties plus black où il s’agite et vocifère. Autour de lui, l’univers de White Ward s’étoffe, se déploie, jouant merveilleusement bien sur les ambiances, sur les émotions, de la haine au désespoir en passant par toutes les strates intermédiaires, le tout avec une musicalité et une technique irréprochables. Mention spéciale aux parties de piano qui habitent vraiment les titres également. C’est fort, c’est beau, c’est maîtrisé ; White Ward a fait un sacré pas en avant, et est désormais l’une des formations post black les plus intéressantes du moment.
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