Gros gros morceau de l’année 2015, ce sixième album de The Prodigy a une sacrée pression sur les épaules. Pas seulement celle d’un nouvel album, non ; celle d’un grand retour annoncé. Parce que, quand même, depuis « The fat of the land », le groupe n’a rien sorti de bien excitant de ses fourneaux electro-rock. Première salve avec le single « Nasty » qui n’amène rien de neuf, se contentant de faire ce qu’on attend de lui, à savoir amener du bruit, une attitude rebelle et de la provoc’. Ni raté ni réussi, il ne fait pas vraiment saliver sur le contenu de cet album annoncé comme « plus lourd et plus sombre ». On entame donc l’écoute avec une certaine méfiance. La chanson-titre, entre percussions martiales, grosse rythmique electro typique du groupe et gimmick répété à l’envi par une voix féminine, vient nous accueillir. C’est bien foutu, on apprécie le break chiptune, mais 4mn25, je trouve ça quand même long pour une intro. Suit donc le déjà connu « Nasty ». Puis « Rebel radio » qui me fait vraiment penser à une chute de « Music for the jilted generation » réactualisée. « Ibiza », très pompier, peine à me convaincre. « Destroy » est un peu sur la même voie, encore un peu plus simpliste et très nineties ; là, on frôle le ridicule. Heureusement « Wild frontier » rehausse largement le niveau. « Rok-Weiler » et « Beyond the deathray » sont plutôt très bons aussi, mais comme beaucoup de titres de ce disque, joue la carte du quasi 100% instrumental. Et finalement, je crois que c’est ça qui me dérange le plus ; l’impression déjà ressentie sur les albums précédents de n’avoir plus affaire au même groupe, ou en tout cas plus au même niveau. Liam Howlett a semble-t-il oublié que ses plus belles réussites sont celles où The Prodigy avance en tant que groupe, laissant le micro à la paire Keith Flint / Maxim Reality. Moi, c’est ce groupe-là que je voulais retrouver. C’est raté. Reste un bon disque, globalement, mais qui fait juste ce qu’on attend de lui ; la révolution est restée à la maison.
The Prodigy : Wild frontier