Chez The Cure, les chansons n’ont jamais été autre chose que les instantanés d’une époque. Le groupe aime les voir évoluer, s’envoler et vivre leur vie, quitte à les confier à d’autres. Ainsi, on a souvent vu fleurir des reprises, des remixes, parfois, comme c’est le cas aujourd’hui, sur des albums entiers. Et le groupe laissant toute latitude à ces collaborateurs d’un jour, le résultat est souvent aussi probant qu’intéressant. Orbital, Chino Moreno, Trentemoller, 65daysofstatic, Mogwai, The Twilight Sad, Craven Faults ont parmi les candidats à la relecture aujourd’hui. Et on en a pour son argent avec ces 24 titres et quasiment deux heures et demie de musique. Ce qui permettra à chacun de trouver ballerine à son peton : dansant, expérimental, intimiste, orchestral, sombre ou plus lumineux, chacune des trois déclinaisons des titres du dernier album des Cure voit son monde vaciller, basculer dans de nouvelles émotions ou au contraire s’enfoncer plus profondément encore dans celles qu’il voulait transmettre. Difficile de juger une telle somme, dont les composantes sont forcément disparates et inégales. La plupart du temps, sans surprise, on s’attachera plus particulièrement aux remixes des titres que l’on a préféré sur la galette. Certains autres nous taperont sur les nerfs (pour moi, ce sont les plus house ou les plus planants). Bref, dans le lot, on passera de l’euphorie au désespoir, mais c’est le cas avec tous les albums de ce genre, d’autant plus avec autant de propositions de la part de nombreux artistes. Mais ça reste une belle collection avec de très très bonnes choses (mon coup de coeur pour les copies de Paul Oakenford, Orbital, Twilight Sad et Chino Moreno), et on ne peut qu’applaudir l’ouverture d’esprit de Robert Smith et l’engagement des artistes à sa cause. Et au passage, on applaudit aussi le fait que les bénéfices de ce disque seront reversés à une œuvre caritative.
