THE BRIDGE CITY SINNERS : In the age of doubt




Le combo américain Bridge City Sinners présente son art comme « not your grandparents folk music ». Dans la famille americana, où il est bien difficile de tirer son épingle du jeu, le fait d’essayer de se démarquer n’est plus un enjeu mais un passage obligé. On connaît déjà la tendance gothique, la tendance punk, on a croisé les tendances ambiant, metal, mariachi… Alors que peut-on ajouter à ça ? Et bien, un peu plus de démesure, pardi ! Le groupe place dans un shaker folk, punk, horreur, americana, country, bluegrass, jazz new orleans, et pourquoi pas une pointe mariachi aussi. Et un chant qui peut partir dans le metal extrême. Parvenir à faire entrer tout ça dans un disque qui conserve une relative lisibilité et homogénéité, c’est un défi qui n’a pas effrayé ces natifs de l’Oregon. Et si aux débuts du groupe, celui-ci n’avait pour autre objectif que de jouer dans la rue, le public, pas sourd, l’a poussé à aller toujours plus loin. Le voici donc, toujours avec ce souci d’indépendance, avec un troisième album autoproduit qui sonne aussi familier qu’original. « Break the chain » dégaine un rythme entêtant et dansant, les cuivres mariachi et l’ambiance western en embuscade. L’interlude « Port street strut » se charge de nous amener jusqu’à la prochaine escale, un titre bien plus jazzy et années 20. « Heavy » repart vers un honky tonk des familles, alors qu’avec « Doubt » le groupe nous montre l’étendue de sa folie, en accueillant un chant metalcore sur un titre qui n’en a pas du tout la couleur ; ça sera certainement un point d’achoppement avec les auditeurs. Un chant qu’on retrouvera plus tard sur « The crawl » et « Spears and blades ». Mais hormis ce trait de caractère particulier, « In the age of doubt » n’a aucun mal à marquer le quidam venu innocemment s’y perdre, avec des titres aussi bons que « Break the chain », « Heavy », « Crazy », « Sinner’s saloon » ou « Eye for an eye ». Et ça, c’est pour la dernière écoute ; je suppute que selon l’humeur du moment ça peut changer. Si on cherche ce qui peut fâcher, il y a cette tendance des titres à se ressembler un peu dans leur ambiance. On peut espérer que le groupe continue à se diversifier encore plus, et entrelacer les différents genres ; mais il s’avère déjà redoutable pour l’instant !

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