
Depuis ses débuts, Tamino convoque une pop folk délicate et onirique, bien loin de ce qui caracole sur les ondes. Pourtant, à force de travail, d’acharnement et d’opportunités arrivées au bon moment, le voilà qui fait salles combles et bénéficie d’une couverture médiatique bien plus imposante (et méritée). Mais sa musique, elle, n’a que peu évolué. Elle continue de privilégier l’émotion, mise à nue dans un écrin de simplicité, un dépouillement d’apparat. C’est du moins ce que laisse présager « My heroine ». Mais « Sahar » est passé par là, amenant une orchestration plus riche, mais tout aussi personnelle. Dès « Babylon » on entre dans une autre dimension, la voix de Tamino se libérant de sa sobriété habituelle et se déployant sur une orchestration plus ample. Les colorations égyptiennes sont toujours présentes, autant au niveau des mélodies de claviers que des cordes, mais se teintent d’autres influences, grâce probablement aux voyages plus fréquents à travers le globe de son auteur (qui partage désormais son temps entre le vieux continent et les Etats-Unis). Cela rend-il « Every dawn’s a mountain » plus simple d’accès pour le commun des mortels ? Non ; les allergiques au folk continueront à le fuir, et ce malgré les superbes titres qu’il renferme, « Babylon » et « Sanpaku » en tête. Cependant, on peut aussi noter un pas fait vers plus de consensualité folk avec « Amsterdam » et « Sanctuary », qui je dois bien l’avouer me déçoivent un peu, me ramenant un peu trop au style outre-atlantique. On a donc ici un album à la croisée de deux mondes, de deux vies, de deux visions. Forcément, on peut y ressentir une certaine hésitation, à l’origine d’un certain inconfort. Toute la question est bien sûr de savoir ce que l’ex belge fera de tout ça à l’avenir, et on ne peut qu’espérer qu’il saura trouver une voie qui satisfera tous les habitants du monde sans renier sa sensibilité.