Cette année, la sortie de l’adaptation cinématographique attendue et redoutée du chef d’oeuvre de Tolkien coïncide avec celle du sixième album du duo autrichien Summoning. Coïncide ? La question reste en suspens. En effet, soucieux de se démarquer de la masse et guidés par une véritable passion, Silenius et Protector s’emploient depuis des années à dépeindre la magie inhérente au seigneur des anneaux à travers un black metal épique, orchestral et médiéval, dont les longs morceaux hypnotiques à la progression immuable se veulent la transposition fidèle de lieux ou situations présentes ou inspirées du inspirées du roman culte. Et Summoning d’acquérir lui-même un statut de groupe culte (et donc réservé aux initiés) qu’il n’a jamais souhaité mais dont il se contente fort bien, n’acceptant aucune concession à propos d’un modus operandi totalement déconnecté des habitudes du style, de structures compositives clairement identifiables et qui n’appartiennent qu’à lui. Car même si l’évolution n’est pas absente, elle ne vient que nuancer le tableau, sans pour autant en modifier la trame ou le sens. Ainsi les fans retrouveront leurs repères mais n’auront pas forcément l’impression d’écouter « un autre album de Summoning » au sens péjoratif. Je dois cependant admettre que cette offrande m’a quelque peu déçu, car si l’omniprésence des percussions lui confère une énergie et un caractère épique rarement égalé jusqu’alors, l’ambiance générale est sensiblement moins mélancolique et les arrangements moins grandioses. Il semble que le parti-pris de mettre les guitares en avant ait accentué la linéarité des morceaux et freiné les ardeurs orchestrales de Silenius. Une belle suite malgré tout.