Storefront Church, c’est Lukas Frank, un mec de Los Angeles qui jusqu’à il y a (relativement) peu se faisait assez discret, se contentant d’assurer derrière les fûts pour quelques groupes indie. Et puis, paf, en 2016, il se décide à s’exprimer par lui-même sous le nom qui nous concerne aujourd’hui. Un an plus tard, le voici qui collabore avec Phoebe Bridgers sur un titre (« Shame ») qui se retrouve sur une série netflix (la chouette mini-série Godless). Plus récemment, on a pu découvrir le (superbe) titre « The gift » sur une autre chouette série, Le jeu de la dame. « As we pass », c’est le premier album du projet. Y est développée une indie pop souvent tragique et assez richement arrangée. Beaucoup de noms différents ont été cités pour décrire la musique de Storefront Church : Jeff Buckley, Elliott Smith, Roy Orbison, Godspeed You Black Emperor… Alors, fausses pistes ou pas ? Oui et non. On peut, bien sûr, trouver des traces de tout ça ici. Mais de bien d’autres choses aussi. Et ce serait donc assez réducteur de s’en tenir à ça. « After the alphabets », qui ouvre la marche, est un pur titre de pop grand angle, à la limite du prog à la Pink Floyd, très bon, très beau. « Lying to actors » est plus pop mais moins mémorable à mon goût. En revanche, « Asphalt dog », et son format ballade qui mue petit à petit vers quelque chose de plus étincelant mais toujours sobre est bien plus palpitant. « Total stranger » suit la même route. A vrai dire, nombreux sont les titres ici présents à tirer facilement leur épingle du jeu, et ce par leur sensibilité ou leur énergie, même si c’est souvent l’émotion qui prend le dessus. Un peu trop ? On serait tenté de le penser dans un premier temps, mais, bon, quand même, le groupe est assez doué pour tirer sur la corde sensible. Alors oui, « As we pass » est un peu trop homogène à mon goût, mais ça reste un très bon disque !
Related Posts
- 82Vous le savez, le Yorkshire, ce n’est pas qu’un vilain petit chien tout hargneux à sa mémère / son pépère. Non, le Yorkshire, c’est aussi une bonne terre pour y faire pousser de bons groupes de rock. La preuve aujourd’hui avec The Sherlocks, déjà auteur de trois albums remarqués et…
- 81Quand on écoute les disques de certains, on se demande ce qu’ils ont bouffé, musicalement s’entend, pour en arriver là. Pour le duo parisien Fantomes (qui, cruel envers les grammar nazi, a volontairement omis l’accent circonflexe), c’est déjà plus évident ; du grunge et du rock alternatif ricain des nineties. Bon,…
- 79Deus, vous ne les avez peut-être pas connu si vous êtes assez jeunes, plus que moi en tout cas, mais c'était ce qu'on appelle un putain de groupe dans les années 90 et 2000. A l'époque, toute l'europe avait les yeux rivés vers la Belgique, leader du rock indépendant, the…
- 79A plusieurs reprises, le fantôme d'un Gainsbourg est évoqué dans la biographie de Bigger, formation française comptant en ses rangs un irlandais féru de songwriting. Bien sûr, il y a de ça, mais ce serait dommage de réduire le spectre à ça. Il y a quelque chose de très anglais…
- 79Dixième album. A bien y regarder, ça fait un bon moment que je connais et apprécie Spoon. Oh, c'est cool, je ne dis pas le contraire, mais le groupe a maintenant 30 ans de carrière, et ça donne un peu le vertige. Forcément, arrivé là, on ne cherche pas les…