
Starflyer 59 n’est pas un groupe ch’ti. Voilà, le doute est levé, je sais qu’il vous aurait tiraillé jusqu’au bout de la nuit, ne me remerciez pas. Je ne connais pas bien le groupe, même si je l’ai croisé plusieurs fois depuis sa création en 1993 ; je sais donc bien qu’il œuvre dans un mélange certes peu original mais bien senti de shoegaze, rock alternatif et indie rock ; du drame dans la voix, du rêve dans les mélodies, un spleen tenace traversant tous les titres. On pense forcément à Whipping Boy, qui partage les mêmes ambiances et le même background. Ce dix-septième album se situe donc dans la continuité de ce que je connaissais déjà du combo, avec autant d’argument à son crédit sinon plus qu’avant. « Lust for gold » fait preuve d’une maîtrise acquise au cours des années, et si chaque titre semble suivre un cahier des charges précis, cette formule reste diablement efficace. Alors Jason Martin, qui tient le rôle de songwriter depuis la genèse de Starflyer 59, devrait-il changer de méthode, s’ouvrir à d’autres expériences ? Et pourquoi donc le devrait-il quand il est encore capable de pondre un titre aussi bon que « Everyone seems strange » ? Ce mur de guitares, cette voix fatiguée, ce brouillard à couper au couteau, c’est de la magie pure qui opère ici. Et j’apprécie le fait que le combo intègre moins de sonorités dream pop que beaucoup de ses congénères. Les huit titres de cet album s’enchaînent en toute logique et sans qu’on leur trouve de défauts : « Lust for gold » se présente comme une très bonne sortie du groupe, se classant probablement (je ne les connais pas tous) comme l’un des meilleurs albums de Starflyer 59. Bien qu’il ne sonne pas très actuel, il affiche une forme et une inspiration comme il est rare d’en trouver après une carrière aussi longue. Amis de la nostalgie, vous êtes servis !