Ranges est un combo de post rock instrumental américain qui nous vient du Montana et sort avec « 33 » en toute discrétion son deuxième opus. Est-ce là tout ce que méritent les neufs titres qui le composent ? Je ne le crois pas. Il est vrai que le fait d’unir de discrètes touches et sonorités électroniques à un style mélancolique, parfois traversé de riffs plus puissants n’est pas / plus très original. Plus ou moins longs, les pistes ne tombent jamais dans l’excès de pathos ou de « bruitisme » mais arpentent un univers éminemment sombre et pourtant assez onirique. Un positionnement qui sied bien au groupe qui y déploie de la finesse et de l’émotion. On pourra d’ailleurs arguer qu’il est meilleur dans ce cadre que lorsqu’il veut se montrer plus rock que post. Ranges a en effet un certain talent pour manier les ambiances et envoyer ses auditeurs dans l’espace, où rien ne semble pouvoir les détacher d’une solitude contemplative, et si à l’avenir il se concentrait sur ce type de post rock ambiant, on en serait pas fâchés. Ce qui ne veut pas dire que les autres aspects de son travail soient désagréables, c’est juste que je les trouve moins convaincants, un peu plus communs. « 33 » passe donc très bien, mais sa générosité musicale (plus d’une heure) ne sera peut-être pas suffisante pour que les amateurs du genre le tiennent pour un disque marquant sur la durée. Il ne tient donc qu’à Ranges, qui possède des qualités certaines, de s’appuyer sur celles-ci et ancrer sa musique dans un concept plus personnel.
