
Je me rappelle très bien du style de Novembre, et pourtant ça fait un paquet d’années que je ne me suis pas frotté à son style unique entre (post) rock indé, trip-hop, slam / rap et metal atmosphérique. En fait, à part son tout début, je n’ai pas suivi le reste de son histoire. Me voici donc face à cette quatrième sortie avec pas mal de temps à rattraper. Le premier constat, c’est que le duo n’a pas perdu son temps ; la progression est fulgurante et flagrante. Le groupe a capitalisé sur ses qualités et travaillé ses faiblesses afin de proposer des titres captivants à la fois musicalement et textuellement. Le concept de Novembre est particulier cependant, et mérite plus qu’un « parental advisory » ; ici c’est le meurtre, la cruauté, l’horreur absolue qui est exposée et glorifiée. L’Amiral déballe des textes ciselés en français ayant tous pour trait commun des personnages de tueurs, tortionnaires, bourreaux, le tout sur des compositions sombres, angoissantes, lancinantes. Les détails anatomiques sont légion et trahissent l’origine professionnelle des membres, qui travaillent tous deux dans le milieu médical. Mais on sent surtout une culture du giallo, du slasher, du film d’épouvante, du thriller ; ce ne sont pas des histoires, mais des scènes que les dix pistes de cet album dépeignent. Si de bons gros riffs sludgy sont toujours tapis dans l’ombre, la diversité des orchestrations est ici de mise et permet à chaque titre de s’extraire de la masse et voler de ses propres ailes. Il n’est plus question de proposer un tout monolithique, mais bien dix chapitres distincts d’une anthologie de l’horreur. Bien sûr, le style est très marqué et immédiatement identifiable, et on adore ou on déteste, sans demi-mesure. Mais si on aime, on pourra ici avoir ses préférences. Comme ce « Pendu », où Novembre se risque à chanter au lieu de se limiter au spoken word / slam habituel ; une pure réussite. Et si le reste est plus classique pour le groupe, un « Marchand de fables », « La colline silencieuse », « Kosminski », « 50 nuances de rouge », « Jack knight » sont quand même des merveilles du macabre. Bref, si l’été approche, prenez garde, car c’est le vent glacial de Novembre qui risque de vous faire tourner la tête jusqu’à vous briser la nuque !