
Nightfall fait partie du paysage metallique grec depuis fort longtemps (il fête cette année ses trente ans de carrière), mais ce n’est pas l’acteur hellène dont les performances attirent le plus l’attention. Élève appliqué, capable de jolies réussites, il développe depuis ses débuts un mélange entre death et dark metal, mélodique et atmosphérique. Enfin, sur la plupart de ses œuvres. Car certaines ont flirté avec le gothique, le doom, ou le metal indus. Pas facile à suivre, la troupe d’Efthimis Karadimas ? Oui, et c’est probablement là une cause de son manque de reconnaissance, à l’image d’un Moonspell ou d’un Samael : cette tendance à ne pas savoir rester en place, qui est tout à leur honneur mais éclate la fanbase. Une autre, c’est la tendance du maître des lieux à la dépression, qui l’oblige à se mettre en retrait pour la soigner. Ça a d’ailleurs été le cas depuis le dernier album du groupe il y a sept ans, et c’est le sujet d’une partie de ce « At night we prey », dixième album du combo. Celui-ci va puiser dans la noirceur death dark du groupe pour aboutir à une œuvre homogène et carrée, assez belliqueuse mais pas forcément directe ; de nombreux titres ou passages sont midtempo. Ce qui n’en réduit pas la portée ; ce disque est ce que j’ai entendu de mieux de la part du groupe depuis longtemps. La preuve ; au contraire de certaines précédentes productions, je me suis décidé à la chroniquer assez vite. Bref. On a ici une base bien dark metal, avec ce que ça sous-entend de plus gothique au niveau des ambiances. Ce côté doomy est développé tout au long des dix titres, mais ne noie pas la virulence ; c’est toutefois un appui fort qui rappelle l’histoire du groupe, et son savoir-faire en la matière est indéniable. Sur pas mal de titres, on est d’ailleurs pas loin du black metal. Mais cette fusion perpétuelle aboutit à de très bons moments comme un « Meteor gods » qui rappelle par ses breaks apaisés le passé du groupe (un petit air de « Eons aura »). Moi qui m’étais engagé ici sans trop y croire, je suis très satisfait du résultat. Si « At night we prey » n’est pas encore, pour moi, un chef d’oeuvre, il s’agit tout de même d’un excellent disque du genre, et c’est déjà une belle victoire pour Nightfall.