
C’est désespéré, à la recherche de quelque chose à me mettre sous le clavier que je suis tombé sur un mail d’Inner Ear, label grec qui m’envoie ses nouveautés depuis un moment et que je boude trop souvent. Je lance l’écoute de ce projet présenté comme « post punk electro industriel » sans vraiment en attendre autre chose que ce qu’on peut trouver ailleurs, un peu échaudé il est vrai par une pochette bien WTF. Et là, je vacille. Non pas que « Ghetto level » soit une tuerie de titre. Assez monolithique, il pose son ambiance et ne la quitte pas, porteur d’une séance de mea culpa hypnotique. Ça ne vous dit rien ? A le lire, moi non plus. Mais il y a cette voix, entre un Saul Williams et un Andrew Eldritch. Noire, solennelle, déclamant son texte avec une gravité que rien ne trouble. Et je le suis, moi, troublé. Enfin, interrogé dans une première phase. Puis vient « Sharon », la « Marian » de Mechanimal, et les frissons qui m’assaillent ont raison de mes dernières défenses. Alors je ne le nie pas, ce n’est pas une « Music for the masses ». Les mélodies synthétiques répétées jusqu’à l’obsession, l’ambiance décadente, le phrasé de messe noire, les textes goth punk, tout ça ne joue pas en faveur de multiples diffusions radiophoniques… Moi, je m’en fous. Parce que « Crux » a beau être une gueule cassée, il est unique en son genre. Et tellement inattendu pour moi qu’il se place direct entre la madeleine de Proust et l’illumination. Bon, une fois quelques jours passés et l’enthousiasme de la découverte évanoui, je vous accorderai certainement que les titres sont un peu trop « proches » les uns des autres, et que l’on peut se fatiguer de sa si unique personnalité. Mais une chose est sûre : « Crux » m’a surpris et enchanté au moins un moment, et doit être soumis à votre attention rien que pour ça !