FASHION CLUB : Scrutiny

En 2020, « Uneasy laughter » ne m’avait pas retourné le cerveau mais avait fait preuve d’assez d’audace et de justesse pour que j’adopte son shoegaze / post punk. Alors que je m’attendais à un nouvel album, j’apprends que son leader a décidé de s’échapper en solo sous le nom de Fashion Club, et que le groupe a splitté. Me voici donc devant le disque, je le lance, et là…je découvre qu’il me parle encore plus que Moaning. Alors oui, j’ai dit il y a deux ans que le groupe parvenait à rappeler que le post punk n’était pas que « gris building », et sous-entendu que c’était une bonne chose. Mais je ne vais pas le nier, comme tout abstinent, j’ai du mal à résister à un album bien sombre et amer. « Scrutiny » comporte des composantes post punk, shoegaze et cold wave, c’est indéniable, c’est la base de son art. Et si après son écoute quelqu’un me disait qu’un titre ressemble quand même aux autres, que les mélodies sont interchangeables, que les sons manquent de variété, je ne saurais pas vraiment argumenter sans qu’on puisse me taxer de mauvaise foi. Mais je n’ai pas de problème avec ça, parce que tout simplement, ce style me correspond assez. Ce qui ne m’empêche pas de trouver un défaut à ce disque ; les effets sur la voix la font un peu trop se fondre dans l’ensemble. Et c’est dommage parce que quand on s’y penche un peu plus (et pas besoin de le faire beaucoup, d’ailleurs), on se rend compte qu’il y a ici et là des modulations dans le chant, une certaine théâtralité. Mais elle est finalement assez freinée par le partis-pris sonore. Ce qui ne m’empêche pas d’adhérer, mais finalement je ne le fais pas complètement. Pas parce que ce disque n’est pas assez bon, mais pour le sanctionner de son sabotage. Et oui, je suis dur. Mais juste. Et comme c’est moi qui ai toujours le dernier mot ici, je ne vais pas m’en priver. Mais les qualités sont assez évidentes aussi ; Pascal Stevenson a un don pour les mélodies et les orchestrations. Il n’en renie pas pour autant le rythme et l’atmosphère, et ne s’en laisse pas non plus submerger. Les titres sont relativement courts, et visent une forme d’équilibre teinté de la dualité du compositeur. « Scrutiny » me laisse un bon feeling, autant que cette impression d’inachevé ; et l’envie, au final, d’en découvrir plus, de voir la musique du projet se sublimer sur un prochain opus.

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