
Derrière Manii, il y a des membres de Manes. Et Manes, ça reste un des groupes les plus intéressants en matière de post black. Si Manii est aujourd’hui un groupe parallèle, il a été formé à la base pour remplacer le vide laissé par un Manes en déshérence. Autant vous dire que niveau créativité et avant-gardisme, ça se pose là. Alors oui, c’est vrai, je n’aime pas trop les « one-track albums ». J’aime les chansons, moi, les trucs avec une structure propre, nette, un peu pop pourquoi pas. Mais, bon, j’aime aussi les trucs complètements barrés, originaux, hypnotiques tant ils sont créatifs. C’est ça que j’attends de ce disque, et quand il débute, c’est plutôt en bonne voie. Il y a de la folie, ok, des ambiances mouvantes, mais les parties chantées structurent le tout. Horrifique, spatial, expérimental, classique, et plus encore, « Innerst i morket » peut soutenir bien des qualificatifs. Et il a plus l’air d’un enchaînement de titres que d’un long morceau de quarante minutes. Bien sûr, on y ressent les influences du black des années 90. On en retrouve l’intensité, la froideur, la majesté. Ce fumet old school ne fait pas toute la magie de « Innerst i morket », loin de là ; de par des structures et des effets, Manii appuie sur les ambiances malsaines, violentes ou dépressives, en les rendant encore plus fortes et puissantes, en les poussant à un autre niveau. Très bel album !