
Yoann Haouzi m’avait tapé dans le tympan à l’occasion de son « Gris coeur » en 2020. Depuis, je suis le marseillais qui n’en est pas vraiment un avec avidité. Kemmler n’a jamais fait comme les autres. Très loin de l’egotrip et de la trap, il rappe sa vie, ses doutes, ses douleurs, celles qu’il inflige ou qu’il encaisse, ses échecs. Un rap tranquille mais loin d’être fade ou polissé. Il chante un peu aussi, joue du piano ; il assume ses influences chanson, ici encore plus qu’avant. Ce cinquième album pour moi se rapproche aussi de l’écriture d’un Orelsan parfois. Et autre gros changement, c’est la durée des titres. Kemmler s’adapte à son temps, avec des titres qui pour la plupart avoisinent les 2 minutes. Je ne vais pas vous mentir, pour moi c’est trop court. Mais putain, ce mec sait écrire. Et il est vraiment doué pour faire passer ses émotions, de l’amour ou l’espoir à la mélancolie. Avait-il vraiment besoin de revenir en indé pour le prouver ? Je ne sais pas. Ce que je sais en revanche, c’est que des chansons déjà publiées (« Si c’est toi » et « J’sais pas » en tête) aux nouvelles (« Finalement », « Chaise vide » et « Famille -1 »), il arrive à m’emporter et parfois me retourner comme peu le savent. Et que le deuil dont il a du mal à se remettre me touche. Alors oui, cette tendance à virer chanson me questionne et me fait un peu peur pour l’avenir, parce que ce n’est pas mon ADN. Et oui aussi, ses titres d’amour, ses angoisses tournent un peu en boucle à la longue. Mais ça marche à chaque fois, parce que c’est pas du cinéma, c’est la vérité qu’il nous offre. Qu’on s’y projette ou qu’on se la joue voyeur, « Finalement » ça a autant d’impact.






