Ben oui, ça on le savait Kery, que tu rap encore. Mais c’est pas tout de le faire, il faut le faire bien. Lors de notre dernière rencontre, tu avais emprunté des chemins qui n’étaient pas les tiens mais que tu avais assez taillé à la serpette pour qu’ils conviennent à ton flow. Et finalement, tu m’avais embarqué dans ton truc. Encore une fois. Finalement, ça fait un moment que je te suis. Que je suis témoin de tes allers-retours entre périodes de nostalgie de tes années de tête brûlée, et tes pulsions moralistes. Tu es quelqu’un de vrai, en proie au doute, avec un bon fonds et de mauvaises habitudes, et il est impossible de ne pas se reconnaître en toi quand on partage certaines expériences et valeurs. Et tu es comme moi, tu vieillis. Alors tu veux te prouver à toi-même que tu es encore capable de sortir les griffes quand il le faut, et que le loup en toi ne s’est pas assoupi : il choisit juste ses combats avec plus de clairvoyance et de sagesse. Bref. « J’rap encore », c’est tout ça, mis dans un grand shaker de presque une heure. Egotrip, leçons de vie, flambe et uppercuts s’y partagent la vedette. Bien sûr, il faudrait que je cite tous les grands noms venus te rejoindre dans ton combat quotidien contre les poncifs du hip-hop. Et non, ils ne sont pas qu’un gadget, ils apportent vraiment leur part. Mais sans la patte du maître, l’intérêt de leur présence serait discutable, on est d’accord. Toutefois, ils sont témoins privilégiés du fait que tu n’as rien perdu, ni de ta verve, de ton talent de metteur en scène, ni de ta rage de dire et d’agir. Et tu signes encore des classiques immédiats, parmi lesquels mon préféré ici est sans nul doute « Le jour où j’arrêterai le rap », opportunément placée en fin de parcours pour achever les fans. C’est qui le patron ? Ben c’est toi, Kery.
Kery James : J’rap encore