
Voici l’archétype du groupe qui fait de la musique par conviction et par amour. Clairement, In Tormentata Quiete se fout complètement de plaire au plus grand nombre. Si tu n’aimes pas, tu passes ton chemin. Il est heureux qu’un label comme My Kingdom Music existe pour lui donner l’occasion de s’exprimer comme il le souhaite, sans pression aucune. Lancez donc « Urlo del tempo » pour comprendre ; certes l’ambiance est jolie, mais débuter un disque par un long texte poétique posé en langue natale sur un post rock sombre qui évolue ensuite en metal atmo ulverien (avec saxo), c’est quand même gonflé. Surtout si c’est pour enchaîner avec un metal prog théâtral qui accueille une voix black. Le reste du disque est à l’avenant. Le qualifier de metal progressif paraît la chose la plus sage. Mais il va puiser autant dans la sphère rock que dans la sphère metal, y compris extrême. Ce grand écart permanent confine même parfois à la faute de goût, comme sur ce « Color daunia » très pop / chanson, sur laquelle la voix extrême fait tâche (même si, expurgée de cela, la chanson n’aurait toujours pas mes suffrages – trop lumineuse pour moi). Mais cette position assumée de passeur entre un monde et l’autre est répétée d’un disque à l’autre ; c’est devenu la marque de fabrique de cette formation de Bologne. On peut remarquer une plus grande homogénéité des ambiances ici, une mise en avant des textes et du chant clair, une part jazz plus grande. Je dois dire que « Krononauta » s’avère, pour moi, bien plus difficile à pénétrer que son prédécesseur, à quelques exceptions près (la deuxième partie du disque, et par exemple une « Abbracio d’Emilia », magnifique et épique). Le groupe surprend par un final plus electro (« Kronometro »), mais surtout il a un peu gommé sa tendance à forcer sur les claviers pour produire une musique plus texturée. Ce qui ne m’empêche pas de préférer, globalement, « Finestatico » à cette nouvelle offrande. Mais ce n’est pas pour ça que je ne vous encouragerais pas à découvrir cette œuvre ambitieuse.
Merci pour la découverte