
Chez les américains de Immaterial Possession, les sensations ne sont pas pures, pas directes ; elles s’accompagnent de doute, d’insécurité. Pour ce deuxième album, je trouve même que le groupe est allé encore un peu plus loin. Les éléments pop psyché sixties y sont évidents, l’ambiance surréaliste et fantasque plus marquée. J’avais évoqué un Twin Peaks musical sur ma critique du précédent album ; effectivement, on en est toujours pas loin. « Mercy of the crane folk » est de ces disques qui demandent un réel investissement à l’écoute ; il est en effet très facile de passer totalement à côté, désarçonné par son originalité et sa faculté à installer des mélodies sinueuses. Onirique, perché, poétique, appliquez le qualificatif que vous préférez à ce disque, le résultat sera le même. Même si je m’étais déjà frotté au précédent, il m’a fallu plusieurs écoutes pour pénétrer cet enchevêtrement de dream pop, folk rock psyché et world-nawak. On peut même y trouver du jazz si on cherche bien. Pourtant, si j’en parle aujourd’hui, c’est qu’outre le fait d’être unique et d’une créativité folle, Immaterial Possession parvient tout de même à nous emmener où il veut avec sans jamais transiger sur la vision de son art. Bien sûr, certains titres sont plus « faciles » que d’autres, et semblent faire office de port d’amarrage… Plus que ça, ils sont des clés pour un peu mieux comprendre les autres, qu’on perçoit d’une autre façon alors. Mais l’ensemble exerce une certaine fascination, même si on ne comprend pas tout, si on ne partage pas tout : on en revient encore à Lynch pour le coup, même si je situerai plus Immaterial Possession du côté de Lewis Carroll. Alors pour qui est ce disque ? / pour quoi est ce disque ? / pour quand est ce disque ? Si vous trouvez la réponse, gardez là pour vous, je préfère que tout ici reste un mystère !