Je ne cache pas ma joie de retrouver les allemands de Heretoir après un « Nightsphere » qui en 2023 m’avait vraiment conquis. Il est évident que le groupe sait toujours ménager ses effets et créer la surprise ; écoutez donc cette montée de batterie sur l’introductif « The ashen falls » ; j’ai presque cru que Heretoir allait se la jouer breakbeat metal (et je dois dire que ça m’aurait probablement plu !). On retrouve bien ce metal atmosphérique qui se nourrit de black, doom et shoegaze, mais j’ai l’impression que les gars sont plus directs ici, que le disque est globalement plus intense que son grand-frère. On nous annonçait des influences screamo / hardcore, et elles sont bien présentes et palpables. Dire qu’elles supplantent un peu les parties black ne serait pas galvaudé je pense. De façon générale, les structures sont un peu moins « attendues » que sur l’album précédent, plus modernes et texturées. « Solastalgia » est le premier album composé à trois pour le groupe jusqu’ici leadé par David Conrad uniquement, et on y entend donc un peu plus d’influences disparates ; le résultat d’une diplomatie musicale, de compromis dans la douceur. La mélancolie est toujours fortement présente dans la musique du groupe, la rage aussi, mais dans des proportions et des incarnations différentes, ce qui augure d’un futur bien plus nuancé encore. Les membres du groupe sont assez fans d’Alcest, et on en sent les influences (première période) dans le son, l’empilement des ambiances, le travail sur l’épaisseur des titres. Il y a de la matière à étudier ici, une palette d’émotion très vaste est exploitée par le groupe pour créer les toiles les plus immersives et riches possibles. L’alternance des voix et des genres, entre passages post metal et autres plus progressifs, complète ça et donne l’impression d’une formation aux possibilités infinies, qui en tout cas n’a pas encore révélé tous ses secrets. Voici une heure de votre temps bien employée !
