La ténacité, vous connaissez ? Certains en ont, d’autres pas. C’est peut-être la raison qui fait le succès de certains artistes, allez savoir ? On dit pourtant que la musique se suffit à elle-même. Dans le cas présent, c’est une évidence : dès les premières notes magnifiquement tristes de « Morning roots », on en tombe immédiatement amoureux, et on ressent le besoin de s’y abandonner, les yeux fermés, un casque vissé sur les oreilles, à savourer le temps qui passe en espérant que le presque quadra, que l’on croisait jusque-là sans le savoir uniquement à travers son boulot de producteur et arrangeur (Thomas Azier, C2C, Ben l’Oncle Soul, Beat Assaillant, Stevie Wonder, et plein d’autres moins avouables) ne s’arrête pas trop tôt de balader ses mains sur les 88 touches de son piano droit. Bref. Qu’est-ce que je vous disais déjà ? Ah, oui, la ténacité. Certes, on peut déjà se dire que sortir son premier album à presque 40 ans, après avoir trimé en musicien de session et en tournée avec bien d’autres relève de ce concept. Mais je parlais pour le coup de celle des gens de l’ombre de l’entourage des artistes. Pour le coup, c’est son agence de promo, en voyant probablement que j’ai déjà écouté et apprécié d’autres disques de classique moderne, qui a fait le forcing pour que j’accorde plus d’attention au disque de M. Poncelet qu’aux autres invitations par mail. Eh bien, merci Anaïs, grâce à vous, au moins une personne, et je l’espère bien d’autres, apprécie(ront) la musique du grenoblois. La musique instrumentale au piano est souvent caractérisée par une ambiance pluvieuse, et c’est aussi le cas ici. Mais je ne ferai pas l’affront à cet album de le réduire à la bande-son d’une après-midi maussade. Poétique, subtile, les compositions de « 88 » exploitent une palette d’émotions pastel aussi bien que froides. Et en fin de parcours, quand on a rendu les armes depuis longtemps, la belle et jazzy « Last breath » chantée par Thomas Azier et le slam urbain touchant « Mon terroir » viennent finir le travail de la plus belle des manières. Validé !
Guillaume Poncelet : Morning roots