SUTTER & CHIROL : Requiem pour les temps futurs

Voici un disque qui peut ou pas nous parler, pour diverses raisons. Derrière cette affirmation limite quantique, vous trouvez d’abord une collaboration ambitieuse. Celle de Julien Chirol, compositeur, musicien, arrangeur, producteur, croisé avec Sergent Garcia, Jean-Louis Aubert, Saul Williams, Piers Faccini, Feist, autant que sur la scène jazz et au sein de projets de bande originales de films, de publicités, de spectacles… avec Pierre-Eric Sutter, psychologue du travail, psychothérapeute et spécialiste en collapsologie. Cette collaboration prend la forme d’un opéra post moderne, devant autant à la musique sacrée, dont il reprend la forme et la diction, qu’à l’époque moderne, dont il emprunte pas mal de techniques sonores, et une ambiance plus décadente que prévue. Si le duo parle volontiers de punk pour ce projet, j’aurais pour ma part plutôt tendance à comparer cet album à des références plus proches de mon univers ; Elend et Chaostar. On a donc ici une œuvre d’une noirceur certaine, d’une gravité évidente, mais expurgée des lourdeurs de la grande musique. Et agrémentée de quelques éléments inspirés de la musique électronique, de la musique orientale et de la musique de film. Un grand travail a été effectué sur les voix, qui mélangent voix naturelles, vocodées ou traitées, et pistes entièrement synthétiques. Mais surtout, la forme est étudiée pour correspondre à ce que notre société attend d’une telle œuvre en terme de mélodie ou d’interprétation. Ce « Requiem pour les temps futurs » est un disque neo classique que les néophytes un peu esthètes peuvent apprécier. Un disque sur la fin de l’homme, du monde, qui pousse à réfléchir et repenser son futur pour le préserver. Un disque employant une logique du passé, la confrontant à des moyens contemporains pour en faire une œuvre du futur. Pas facile de la comprendre sans l’aide du livret, de l’appréhender sans avoir une connaissance minimale du sujet, de l’apprécier sans être sensible aux orchestrations massives et à la grandiloquence néo classique. Mais que ça ne vous décourage pas ; ça reste une œuvre d’une force et d’une profondeur peu communes, aux qualités musicales exceptionnelles !

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