
Les portugais de Gaerea m’avaient déjà impressionné par leur propension à se jouer des codes du black metal tout en respectant son intensité. Je m’attendais donc à ce qu’il aillent encore plus loin avec ce nouvel album, et je vous annonce directement que je ne suis pas déçu. « The poet’s ballet » prend son temps pour démarrer, on croirait même, durant les deux premières minutes, qu’il s’agit d’un autre groupe, d’une formation plutôt rock ou metal progressif. Sur « Mirage », le groupe introduisait des influences tout aussi véhémentes mais plus mesurées ; le sludge et le crust metal. C’est un peu moins évident ici : « Coma » est plus atmosphérique, et même si le style tient plus du blackened hardcore que du post black, la vérité se situe quelque part entre les deux. Les titres rivalisent d’intensité, de froideur et de mélancolie ; le doom n’est jamais loin. Et ils sont tous très bons. Pourtant, je comprendrais que le disque puisse en décevoir certain(e)s. Car oui, Gaerea semble avoir trouvé sa vitesse de croisière autant que son style. Il n’est pas unique, pas si flamboyant, moins original qu’il ne l’a été, tout simplement parce qu’on a déjà expérimenté tout ça dans le passé. C’est dramatique, on s’habitue à la qualité, et on attend toujours plus d’un groupe qui nous a bluffé dans le passé. Moi, le contenu de « Coma » me suffit. J’aurais aimé, bien sûr, que Gaerea parvienne à nouveau à transcender le genre, et se réinventer. Mais sa performance reste impressionnante et la tension et la force qu’il met dans sa musique ont toujours un impact aussi fort sur moi ; aucun des titres ne me déçoit. « Coma » est un autre excellent album d’un groupe qui jusqu’ici n’a jamais faibli. Pourvu qu’il en soit encore ainsi à l’avenir !