
Final Coil, c’est un peu un défi pour ceux qui, comme moi, ont pour mission de décrire leur musique et leur style de façon à ce que vous puissiez en comprendre les tenants et les aboutissants, et vous faire une idée du résultat. Si le groupe britannique se décrit comme rock alternatif, la réalité est bien plus complexe (et intéressante) que ça. J’ai mis un moment avant de trouver à quoi me faisait penser le son de Final Coil, son intensité, son côté à la fois dramatique et puissant ; The God Machine. Mais il y a aussi quelque chose de progressif ici, des airs industriels, un peu gothique. J’ai lu que Final Coil intègre du grunge à sa musique. Je ne suis pas d’accord ; dans le son, il y a bien ces guitares abrasives, et dans le chant, il y a bien cette allure un peu traînante et mélancolique parfois, mais ça s’arrête là. Alors oui, Alice In Chains n’est pas si loin, mais était-ce vraiment le parangon du grunge ? Il n’y a rien de brouillon, rien de sale ici ; on sent que tout est millimétré, et des passages les plus sombres aux plus agressifs, Final Coil fait preuve d’une précision redoutable, et sous des airs assez chaotiques, ses morceaux sont très pensés, très structurés. Ce qui peut s’avérer assez déstabilisant, c’est que justement, « The world we inherited » passe d’une ambiance à l’autre sans chercher à nous ménager. Pourtant, aucun titre, aucun passage ne semble déplacé ; ce troisième album se tient, c’est un tout solide et hypnotique pour qui arrive à y entrer. Ce qui est complètement mon cas ; je le trouve inspiré, beau et juste. Au final, je le qualifierai plutôt de post metal que de rock alternatif, mais si ça doit en effrayer certains, oubliez ça ; c’est surtout une métaphore du monde dans lequel on vit, de la façon dont on le forge petit à petit en quelque chose de dangereux, d’impitoyable mais aussi de désinvolte et toujours plus inconscient, alors que nous sommes de plus en plus informés de tout. Envoûtant.