
Ema Jolly continue d’étendre son propre univers au sein de ce nouvel album, qui encore une fois mêle expérimentations electro, ambiant et néo classique. A mesure que le temps passe, je dois dire que la musique d’Emika se fait de plus en plus impénétrable. On a l’impression ici non pas de voyager vers le vide insondable de l’espace dont « Vega » s’inspire, mais de pénétrer de plus en plus profondément dans la psyché de l’artiste, d’explorer à la fois ses fantasmes (rien de sexuel là-dedans) et ses traumatismes. Sombre, dense, psychédélique, « Vega » ne cherche jamais à nous faciliter la tâche, s’étirant dans toutes les directions sur près d’une heure. On y retrouve des voix fantomatiques, des nappes ambiant, des rythmiques répétitives obsédantes, des motifs neo classiques (mais moins de piano). Le concept, on le devine dès « The anti universe », est plutôt velu et élaboré. Comme dit plus haut, Emika suit un chemin qui lui est tout personnel et apprécie autant sinon plus le voyage que la destination. Y pénétrer n’est pas chose facile… parfois (souvent ?), le côté expérimental absorbe complètement le côté musical. « Vega » est donc autant un disque d’electronica qu’une sorte de bande originale du subconscient de l’artiste. Et pourtant, c’est fascinant. Les ambiances sont différentes, et on est par exemple ravis de retrouver la voix particulière d’Horace Andy sur « Transcendered before me » ou le français Sebastian sur « Battles, pt. II ». Difficile de se faire une idée précise de ce qu’on pense de « Vega » après une écoute ; il en faudra plusieurs. Mais on a aucun mal, en revanche, à être se rendre compte de la magie contenue ici, du caractère précieux d’une telle démarche et d’une telle personnalité.