Certaines œuvres sont plus difficiles à appréhender que d’autres. Le disque que je vous présente aujourd’hui, le groupe que je vous propose maintenant est de ceux-là. Formation franco-autrichienne dont les membres principaux sont issus du milieu metal, Elend aurait pu être rapidement catalogué, rangé et oublié. Mais son parti-pris stylistique l’en préservera. Car, loin d’être prévisible ou académique, il a choisi de mettre à profit l’enseignement musical classique de ses membres pour composer des œuvres thématiques fortes et intenses, sortes d’opéras lucifériens où vociférations masculines proches du black metal côtoient la beauté d’un chant féminin et de chœurs angéliques sur fonds de symphonies aussi tragiques que majestueuses. « Les ténèbres du dehors » va plus loin que son prédécesseur, en épousant toutes ses caractéristiques mais en amplifiant leurs effets par plus de maîtrise et de professionnalisme. De l’artwork, assez sobre mais superbe, à la production, en passant par la répartition vocale ou la structure même des titres, tout est rehaussé, sublimé. Mention spéciale à « Antienne » et sa voix susurrée qui a immédiatement rendu l’ado boutonneux que j’étais à la sortie du disque fou amoureux de la chanteuse. Pour schématiser, Elend est une sorte de Dead Can Dance plus extrême, dans tous les sens du terme, avec une couleur résolument charbon, et pas mal de talent. A vous de le découvrir !