
J’ai déjà eu l’occasion de croiser les américains de Cursive à plusieurs reprises. J’ai trouvé dans leur rock alternatif quelque chose de moins convenu que chez leurs voisins, alors que, concrètement, ils se battaient avec les mêmes armes. C’est certainement pour ça que je n’ai pas oublié leur blase. Et ce que j’aime chez eux avec ce nouvel et dixième album, c’est qu’on a pas besoin de faire beaucoup de chemin pour le comprendre. En fait, « Botch job » est probablement le titre parfait pour débuter ; un riff bien puissant, un clavier typique et original, un refrain indie pop bien balancé. De quoi susciter une certaine excitation pour n’importe quel fan d’indie rock. Bien sûr, Cursive ne va pas nous donner ce qu’on veut aussi facilement, en enchaînant les titres immédiats aux mélodies faciles. Noooon, Cursive a toujours été fuyant, retors et… il aime contourner les codes. Si on trouvait tout ça dans « Devourer » aussi facilement qu’on trouve de l’autotune sur un disque de trap, on serait déçu. C’est bien pour ça que « Up and away » brouille un peu les pistes. Heureusement, « The avalanche of our demise » reprend les tics du premier titre, et c’est bon. La même énergie guide « Dead end days », « Consumers » ou « The age of impotence ». On retrouve le violoncelle sur « Rookie », des influences jazzy sur « The loss », et un peu partout des structures élastiques. « Devourer » montre Cursive sous son vrai jour, comme les albums précédents ; celle d’un groupe unique, créatif, malin. Mais revêche, et qui ne va jamais jouer la carte de la facilité quitte à mettre mal à l’aise ses auditeurs, à les faire s’interroger sur ce qui fait une formation intéressante d’indie rock. Et on en a une devant les yeux, ça ne fait pas un doute, même si on accroche pas complètement aux titres de « Devourer ».