DIABOLOGUM : #3

La musique est un cycle, non ? Alors il est bien temps que certains reprennent les rennes de ce qu’on a longtemps appelé avec des guillemets, sans trop y croire, le « rock français ». Le disque que je vais vous présenter ce soir est une référence ultime pour nombre de personnes de ma génération, et je m’en sers copieusement au travers de certaines chroniques. Sauf que, si les élèves, les descendants ont droit de cité, la matrice reste cachée aux yeux de tous. Alors voilà. Pas introuvable, ce disque a même été réédité en 2015. Pas trop d’intérêt, d’ailleurs, à casser sa tirelire pour cette version qui, honnêtement, n’apporte pas grand-chose à l’original, déjà bien assez puissant pour marquer les esprits de tous ceux qui se laisseront happer par son originalité, a forme de nihilisme décalée. Car non, si vous cherchez un ersatz de Noir Desir, un faiseur de tubes clandestin, ou les prémices du mariage groove / rock, vous ne frappez pas du tout à la bonne porte. « #3 » (je ne vous ferai pas l’affront de vous le situer dans la discographie de Diabologum) est un ovni. De rock noisy typique des nineties en france, il en est bien sûr question ici. Comme un point de départ. Mais le texte, surréaliste et désabusé, occupe le premier plan. Quasiment pas chanté, plutôt récité d’une voix blanche. Derrière, ça joue fort, et on fait encore cas de la mélodie et du format pop ; profitez-en, la suite des aventures de ce groupe qui va bientôt se disloquer et se séparer en deux branches parallèles, ne jouera pas dans la même catégorie. Bref. « De la neige en été » débute l’histoire, avec un riff obsédant et une histoire qu’on jurerait prémonitoire d’une apocalypse à venir. « Il faut » monte encore d’un cran en efficacité avec son refrain terrible. « Les angles » se fait déjà plus expérimental. « Une histoire de séduction » verse carrément dans le bizarre, voir le flippant musicalement parlant, ce qui contraste avec un texte philosophico-nouvelle vague. « A découvrir absolument » est le titre phare, je n’en dirai pas plus, mais c’est un classique. « 365 jours ouvrables est peut-être le plus rock, le plus classique. « Dernier étage », entre post rock et trip hop, fait office d’interlude. « La maman et la putain » lui fait écho, long morceau instrumental agrémenté d’un sample du film du même nom. « Un instant précis » repart sur la route du rock, et « Blank generation » clôt l’album de façon pour le moins inattendue. Court mais puissant, « #3 » n’a pas perdu de sa superbe avec le temps, et gagne encore à être découvert par la nouvelle génération. A vous de jouer donc !

Facebook

Paroles de l’album

Related Posts

  • 10000
    Noir c'est noir... Après le déjà déprimant « Mon cerveau dans ma bouche », Programme, constitué d'un ex de Diabologum, continue sur sa lancée qui l'amènera fatalement droit dans le mur tôt ou tard. Le talent évocateur d'Arnaud Michniak prend tout son sens dans ces morceaux ultra-répétitifs (musicalement s'entend), malsains et intenses,…
    Tags: plus, on, se, noir
  • 10000
    Ma description stylistique est étrange mais tout à fait représentative de ce que vous trouverez sur cet album. A la première écoute, on est même circonspect devant le mimétisme de la voix de Fred Roman avec celle de Michniak. Et quand on c’est que c’est ce même personnage qui produit…
    Tags: on, non
  • 10000
    Les deux premiers (et ultimes) albums de Programme, "Mon Cerveau dans ma bouche" et "L'enfer tiède", avaient poussé encore un peu plus loin le son et l'univers de Diabologum. Jusqu'au point de non-retour ? C'est ce que doivent penser Arnaud Michniak et Damien Bétous, de nouveau collègues de déconstruction sonore…
    Tags: c'est, plus
  • 10000
    Des réminiscences remontent à la surface dès le début de cet album. 1996. #3. Non que le duo Dylan Municipal ne puisse être résumé à une pâle copie de Diabologum, mais il se pose comme l'un de ses plus logiques descendants au côté de Non Stop, bien qu'il ait choisi…
    Tags: plus, non, texte, chanté, mélodie, premier, expérimental, https://open.spotify.com/album, n'en, plutôt
  • 10000
    Retour de mes nordistes pince-sans-rire préférés. Fidèles à leurs habitudes, ils naviguent entre minimalisme, détachement, humour et gravité musicale (dans tous les sens du terme). Volontairement répétitive et rythmique, la musique du duo de duo se nourrit de leurs découvertes musicales de l'année et de leurs amours de toujours ;…
    Tags: pop, chanson

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *