
Cleopatra records. D’aussi loin que je me souvienne, c’est un nom qui a toujours été en lien avec le rock gothique, sous une forme ou une autre. Mais très franchement, je croyais le label disparu, comme beaucoup d’autres du genre. C’est donc déjà une bonne surprise d’avoir la preuve que la passion peut permettre la longévité, indépendamment du caractère indépendant et sectaire de celle-ci. Bref. Crying Vessel nous est présenté comme un groupe post punk. Foutaises. D’accord, d’accord, il y a bien du post punk ici, mais c’est bien de rock gothique dont il est d’abord question. On peut chipoter, parler de dark wave, de dark pop, d’electro dark. Oui, « Pleasures for the week » est sombre. Crying Vessel est d’abord la vision d’un homme, Slade Templeton, qui a créé ce groupe en 2010 sous la forme d’un projet solo. S’est-il senti limité ? Il a en tout cas accueilli en 2018 un batteur à temps plein, Basil Oberli. Et depuis, le désormais duo travaillait sur cet album. Un disque qui commence par un peu brouiller les pistes ; « Auxillium » débute en mode synthwave horrifique. On enchaîne avec un « For god’s sake » entre goth et post punk, un des titres les plus forts du disque et une excellente entrée en matière. Nous voilà partis pour 53 minutes d’un voyage assez rétro et homogène, porté par des mélodies assez simple et classiques pour le genre mais assez bien arrangées pour qu’on se laisse saper le moral par leur spleen. Là où Crying Vessel est malin, c’est dans sa faculté à moderniser le tout, lui adjoindre des touches plus modernes et electro, un look moins tristos (les gars n’ont vraiment pas la tête de l’emploi), des références plus geek. Bon, ceci dit, si vous n’accrochez pas au goth d’habitude, ou au moins à la cold wave, il y a peu de chance que vous vous laissiez séduire par les sonorités hivernales et le groove glacé de ces quinze titres.