
Formé en 2022 à Boston, Crippling Alcoholism en est déjà à son troisième album. Cette fois, c’est un concept album que nous offre le groupe, autour d’une camgirl donc, de la façon dont son entourage et son publics la voient, la façon dont elle est dépossédée de son image pour devenir un produit… Le groupe, dans ses thèmes comme ses sonorités, aime évoquer des choses sombres. Musicalement, on est sur un mélange entre rock gothique, post punk, cold wave, avec un soupçon d’influences electro, metal et noisy. La voix de Tony Castrati est parfois poussée bien loin dans le grave, frôlant la nécromancie de Peter Steele (Type O Negative). Sur les 15 titres de l’album, on trouve la participation de Luxury Skin interprétant des personnages sur quatre, Aki McCullough de Ameokama sur un et Meredith Haines de Latter sur un autre. De quoi donner corps à la Camgirl de façon un peu plus crédible. L’album, je dois dire, exerce un attrait particulier sur moi. Sa noirceur, sa faculté à ne jamais vraiment choisir son camp musical, sa gestion de la tension et du danger (on n’y est pas en sécurité, soyez prêts), tout ça contribue à en faire une expérience unique et passionnante. Je trouve que la pochette illustre assez bien ça ; y transparaît un sentiment de mal-être. S’agit-il d’un auto-portrait ou de la vision déformée par la colère ou les fantasmes d’un tiers ? L’ambiguité de la pochette (une habitude chez l’artiste qui l’a composé, Eric Rottcher) participe également de l’ambiance générale dans et autour de l’album. « Camgirl » reste une œuvre complexe, riche et donc potentiellement difficile à apprécier dans sa globalité (on pourra certainement penser que le combo va parfois trop loin dans son interprétation), mais pour sûr, éminemment unique et personnelle. Vous avez probablement déjà écouté des choses qui s’en rapprochent, mais jamais un Crippling Alcoholism. Alors, prêts ?






