
Nergal prend, ces derniers temps, un malin plaisir à prendre tout le monde par surprise en faisant évoluer son style de façon évidente à chaque sortie ou presque. « I loved you at your darkest » s’éloignait déjà du black metal en conservant sa noirceur mais en le coupant avec des influences bien plus rock.Ce nouvel opus va dans la même direction. Les explosions de haine d’antan y sont remplacées par des titres rampants, mid-tempo, quelque part entre black ralenti, doom énergique et dark metal. Libérés du diktat du rythme, certes, mais pas des habitudes, les 10 titres de ce douzième album ne s’éloignent finalement pas tant que ça de ce qu’on a intégré comme « la nouvelle identité musicale » du groupe. Pourtant, ils sont bien plus passionnants et réussis à mon sens que sur le disque précédent. Peut-être Nergal a-t-il su ici doser ses effets, dompter ses démons, museler son incorrigible soif d’aller toujours plus loin ? Il y a de ça. En tout cas, tout ici semble parfaitement maîtrisé, et surtout, la mélodie, l’accroche guide la musicalité de l’ensemble. Que ce soit sur « The deathless sun », « Once upon a pale horse » (mes préférés) ou les autres titres, Behemoth retrouve ici la fougue et la magie qui ont fait son succès, et signe une œuvre captivante et puissante comme il en a le secret. De plus, l’album avance insidieusement mais sûrement, et même les titres qui paraissent moyens à la première écoute parviennent au bout du compte à retenir l’attention. « Opvs contra natvram » est un grand disque de post black et de Behemoth.