BARRUT : La part de l’orage

Pour la plupart des gens, le mot polyphonie rappelle surtout l’expression de certains groupes corses en territoire traditionnel. Mais la polyphonie est une forme qui est pratiquée par diverses traditions nationales et régionales. Barrut, lui, pratique la polyphonie occitane. Sa deuxième particularité, c’est que le groupe est mixte, ce qui est rarement le cas. On peut retrouver ici des influences communes avec un Stille Volk ou un Eric Montbel. Si on ne connaît pas le folklore occitan, le plus simple pour décrire la musique du collectif (trois femmes et quatre hommes), c’est d ‘évoquer la musique néo médiévale. Il est vrai que les sonorités « naturelles » sont omniprésentes. Ceci dit, Barrut transforme et magnifie tout ça pour en faire un style unique qui se nourrit également des rythmes rock et electro plus modernes, et se plaît à faire varier les ambiances. « La part de l’orage » est le premier album du groupe après trois ep, une quantité de concerts et spectacles, et un certain nombre de remaniements internes (avant d’être sept, les participants étaient plus nombreux). Barrut est souvent comparé à une bête. Sept têtes, un côté légendaire appuyé ; l’analogie avec l’hydre est évidente. Pourtant, les thèmes, chantés en langue occitane, sont actuels : cet album dresse un constat (plutôt noir, de l’aveu même du groupe) de notre société actuelle. C’est certainement cette rencontre entre tradition et modernité qui fait la richesse d’un disque comme celui-ci : les dix titres ont toutes les apparences de thèmes folkloriques, mais n’en empruntent que les codes, rhabillés, réinterprétés, pour en faire des œuvres uniques et riches. Trois compositeurs et deux auteurs se partagent la création, sept voix l’interprétation, ce qui aboutit à un entrechoquement d’émotions contradictoires ou complémentaires qui contribuent à faire de ce « La part de l’orage » un voyage fantastique et foncièrement dépaysant. Encore un disque sur lequel je ne me serai probablement pas penché si on ne me l’avait pas envoyé, mais quelle belle découverte !

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