
Quatrième opus pour le danois Afsky, après un « Om hundrede ar » qui m’avait interpellé de par sa liberté de ton et de tonalité. Il faut dire que le one-man band s’illustre par un style à la fois très cru dans le son mais assez complexe dans les influences ; comme si le musicien ne savait pas choisir entre haine viscérale, mélodie, dépression, aspects progressifs. Mais en fait, ce n’est pas qu’il ne sait pas, juste qu’il ne veut pas le faire ; Ole Luk revendique une écriture intuitive, sortie de tout diktat. Il n’écoute personne, il sort la musique comme elle lui vient, et peut importe donc si elle ne s’inscrit pas dans la logique de ses contemporains. C’est honnête. C’est casse-gueule aussi, parce qu’on pourra au sein d’un même titre trouve run riff qu’on adore et une tournure qui nous rebute un peu. C’était un peu mon ressenti pour l’album précédent, et pour tout vous dire ça l’est tout autant ici. Certes, je me suis rompu déjà une fois à l’exercice, et donc je sais un peu plus où je vais. Est-ce que je comprends plus l’artiste ou partage plus sa vision ? C’est moins sûr. Si le titre de l’album signifie « Communauté », ce n’est pas le rassemblement que vise Afsky, mais justement la dénonciation d’une uniformisation de pensée dangereuse pour le monde. Et en ça, on ne peut que le rejoindre. Seul dans la masse, on étouffe, on se perd ; le message de cet album est là, et dans la revendication d’un libre-arbitre qui passe (forcément) par l’individualisme et l’énonciation d’idées en décalage avec la bien-pensance moderne. Vous l’aurez compris, c’est un prisme bien détaché des habituelles litanies satanistes que nous avons là. Et pourtant l’essence même du black metal est là ; un point noir dans la lumière aveuglante, l’adversaire garant de la vigilance. Et là, je me rends compte qu’une partie de ce disque passe quand même mieux que le précédent. Si les deux premiers titres présentent encore des nuances qui passent mal pour moi, à partir de « Natmaskinen » je retrouve quelque chose qui me plaît vraiment, et « Arveskam », « Flaggelanternes sang » autant que la finale « Svanesang » sont dans le même mood. Voilà donc un disque qui aura travaillé ses effets (l’intro est à ce titre très parlante) pour mieux me convaincre sur le long terme. Comme c’est bon d’être surpris parfois !






