
Aara est une formation suisse s’illustrant depuis 2018 dans un black metal intense et atmosphérique d’obédience scandinave. Ce sixième album annonce les choses avec sa pochette ; ce sera glacial. Une fois l’intro passée, ça se confirme. Les riffs sont tranchants mais mélodiques, l’atmosphère est froide, l’ambiance haineuse. Ce qu’on remarque vite, et qui peut déplaire (j’avoue ne pas être trop fan), c’est le caractère très criard de la voix. On est pas loin d’un Dani Filth. Bien sûr, ça participe de l’ambiance générale, mais ça n’en constitue pas pour moi l’attrait principal. Les titres sont longs et ponctuées de parties acoustiques ou atmosphériques, mais prennent garde de conserver un côté très intense. Un mélange plus subtil qu’il n’y paraît et qui révèle tout son potentiel sur un titre complexe et riche comme « Todesbiwak » mais qui s’invite un peu partout sur l’album. Le style de Aara a mis un moment chez moi à s’imposer. Une fois assimilé, c’est avec plaisir que je me relance dans l’écoute du disque, et là, je fais un peu plus abstraction de la voix, ou du moins je comprends qu’elle fait partie de l’expérience, de l’équilibre général. Cette deuxième écoute, plus attentive, plus imprégnée, révèle un disque d’une grande richesse et fluidité. Les huit titres d’« Eiger » coulent de source malgré leurs multiples changements de rythme et d’ambiance, c’est ce qui est agréable avec cet album et la musique de Aara. C’est probablement ce qui leur sera reproché aussi ; finalement la furie black s’efface souvent derrière cette volonté du groupe d’être intelligible. Enfin, jusqu’à un certain point ; l’album reste en suisse allemand, ce n’est pas la langue la plus accessible au monde. Mais ça aussi, ça laisse planer une aura de mystère sur ce très bon album !