Pueblo Vista, c’est le projet personnel de Paul Pastourmatzis, producteur gréco-autrichien. Rien à voir avec une quelconque origine latine donc. « Paracosm 3 » est, comme son nom l’indique, la suite des deux premiers. Mais il montre tout de même une évolution dans le son electronica / trip-hop du monsieur, et surtout, surtout, il se rattache à un moment douloureux de sa vie, ce qui change complètement la chose. Car ce dernier opus de la trilogie sort le jour de son anniversaire de mariage. Et non, ce n’est pas du cynisme de ma part ; Paul a perdu son épouse en 2023. Ah, bah oui, ça fait moins les malins là d’un coup. Et donc, la mélancolie qui habitait déjà habituellement les compositions du monsieur prend là une toute autre place et signification. Cependant ne vous attendez pas à déprimer sévère ici ; Pueblo Vista semble plutôt en mode nostalgie des merveilleux moments passés ensemble, une célébration de la vie qui continue malgré la douleur, presque pour l’exorciser. Et ça aboutit souvent à des titres d’une grande sensibilité, qui flirtent avec le magnifique. Oui, mais voilà, Pueblo Vista a une sale manie, c’est celle de proposer des titres qui vont un peu (trop) à l’essentiel. Comprenez qu’il ne les fait pas durer, et que donc, parfois, on reste un peu sur notre faim, d’autant plus que certaines fins sont un peu trop abruptes. Alors oui, le reste du temps, c’est vraiment très très bon. Et le monsieur a la bonne idée de ponctuer ce disque de quatre titres interprétés avec beaucoup de feeling par un certain Shane. J’ai toujours pensé que des plus grandes tragédies naissaient les plus beaux titres, et ça se confirme ici. On excuse facilement les petits défauts, et on se surprend à rêver d’une version 2.0 qui viendrait les gommer pour rendre à ce « Paracosm 3 » ce qu’il mérite. Beau.
