
Le syndrome d’Ekbom, ou délire d’infestation parasitaire, est une affection rare caractérisée par la conviction inébranlable d’avoir une peau infestée d’insectes ou de parasites. C’est de cette maladie mentale que le groupe de Saint Etienne s’est inspiré pour ce dixième album toujours plus sombre, brutal et malsain. Le groupe officie toujours dans un bon gros death avec de petites tendances grind et black et un chant typé mais très élastique. Une intro flippante (« Prodrome ») ouvre la voie à un « Scars » d’anthologie, à la fois frénétique et inquiétant. C’est bon, la machine est lancée. Au cours de ce nouvel album, on croisera deux vocalistes bien connus (ceux d’Archspire et de Blockheads), des textes en français, et une recherche constante, bien que discrète, de quelque chose d’original. Bien sûr, cette originalité est diluée dans une expression au sein de laquelle on retrouvera beaucoup de choses qu’on a entendu ailleurs, et seuls les connaisseurs sauront la déceler. Mais ils en seront forcément impressionnés. De ça, de la technicité des musiciens, de leur célérité, de la régularité de l’ensemble. Je ne vais pas le cacher, je ne suis pas très client du pig squeal et des ambiances grind, et donc je n’adhère pas complètement à ce disque pourtant objectivement très qualitatif. Mais plusieurs titres comme « Le vice des entrailles », « Ekbom », « Metastasis » (et son solo excellent), « Scapegoat » (et sa couleur hardcore) et la plus rampante finale « Mother earth, mother whore » font particulièrement bien le taf pour moi. Benighted marque donc encore plus son territoire dans le monde du death français avec ce nouvel album qui fera date, qu’on apprécie son style personnel ou pas !