
En 2017, je rencontrais 1476 et me retrouvai en situation peu confortable ; je ne comprenais pas d’où venait le groupe ni où il voulait en venir, en superposant ou jouxtant des couches et des styles tellement différentes les unes des autres. Cependant, je constatais avec plaisir que le résultat tenait toutes ses promesses et plus encore, produisant quelque chose qu’on pouvait autant rapprocher du metal que du post hardcore, de l’emo et du rock indépendant. Presque six ans plus tard, je me demande bien où a bien pu atterrir le duo… et j’en attends en tout cas encore des merveilles. J’aurais tôt fait de constater que les gars de Salem, Massachussets ont encore évolué. Il est bien sûr difficile de déterminer d’où vient telle ou telle tournure, mais je ressens ici les influences du doom, du post hardcore, du folk ou folk punk, du prog. Une voix plus méchante vient pimenter certains titres, qui cependant jouent toujours, voir encore plus ici, la carte d’un rock centré sur l’émotion, sur des mélodies mélancoliques et sombres sans verser dans le metal pur. De fait, malgré les petites gueulantes mentionnées plus haut, on pourrait faire adhérer une grande diversité de personnes à ce disque tant il présente des qualités mélodiques évidentes. Ce qui est paradoxal ici, c’est ce (presque) fossé entre le côté finalement très grand public de la forme générale, l’exigence de certaines structures et les pointes plus extrêmes qu’on peut pointer du doigt ici et là. Si celles et ceux qui apprécient l’ensemble des styles seront aux anges, pour les plus habitués à l’une seule des composantes, ça risque d’être plus dur. Même si on ne peut que les encourager à persévérer tant les onze titres de ce quatrième album sont délicieux. 1476 n’hésite pas à se faire plus percutant et punky sur « Carnelian fire : the gallows » (l’un des meilleurs titres de l’album au demeurant), ou à changer de forme d’un titre à l’autre… Bref, encore un très bon disque pour le groupe, qui y a particulièrement soigné ses parties folk.