Sébastien Tellier, c’est un patronyme tout ce qu’il y a d’ordinaire et de respectable. Pourtant depuis quelques années, le barbu qui le personnifie fait tout pour qu’on le prenne pour un sacré allumé. L’est-il vraiment, ou est-ce un personnage dans lequel il s’enferme, on ne le sait pas assurément, et tout bien considéré là n’est pas l’enjeu. Car même sans le personnage, sans le décorum, il reste de la musique. Alors on ne s’attardera pas forcément sur les paroles de « Pépito Bleu », premier titre de ce 9e album, inaugurant le concept développé au travers des douze titres ici présents, celui de la bande-son d’une secte-religion kitch et « too much » dont l’auteur est le gourou raelien. Musicalement, on navigue entre electro-pop, Jean-Michel Jarrisme assumé et musique de film. On retrouve aussi ça et là des guitares très « hair metal », apparemment dans l’air du temps, pour je ne sais quelle raison. Le disque a de ce fait un aspect très « progressif » qui n’est pas pour me déplaire. Tellier utilise ici les mêmes ficelles que Justice ou Air, mais il le fait juste mieux, et avec une forme d’humour tordue en sus. Alors oui, tout n’est certainement pas à prendre au premier degré ici, à moins de vouloir y perdre son kobaïen, mais l’ensemble s’apprécie comme un hommage appuyé, teinté de dérision et de n’importe-quoi, aux musiciens ayant inspiré le bonhomme. Spatial, très spécial, « My God Is Blue » s’écoute la tête dans les étoiles et le cerveau dans la poche.
Sébastien Tellier : Pépito bleu