Pour ce onzième album, Niklas Kvarforth s’est entouré de musiciens expérimentés. Est-ce que ceux-ci suffiront à équilibrer, comme l’espère notre grand dépressif en chef, la balance émotionnelle de Shining ? Rien n’est moins sûr. Si vous prenez déjà en compte que ce disque n’était pas sensé exister, qu’il n’est dû qu’à l’insistance d’un ami du maître et au prêt d’une guitare, alors que ce dernier s’était débarrassé de tout ce qui pouvait contribuer à son art, vous en aurez la confirmation ; Shining, c’est une histoire de déséquilibre, une constante balade au bord du précipice. Et comme on peut s’y attendre à la vue de cette pochette particulièrement malsaine (que l’artiste a peint avec son sang), « Shining » sera un autre voyage vers la folie. Kvarforth, lui, le décrit comme « un voyage vers le bas en stéréo qui noiera le monde dans une obscurité hypnotique et inéluctable ». Ok, ça plante le décor. Qui est à peu près le même qu’à l’habitude ; un (post) black aux riffs thrashy qui flirte souvent avec le rock progressif, le jazz et la musique expérimentale. On y retrouve aussi, bien sûr, ce chant possédé (dans la langue natale du monsieur), ces passages mélancoliques, cette présence de la mort dans chaque mot et chaque note. Et ces emblématiques six longs titres constituant l’album, jamais un de plus ou un de moins, allez savoir pourquoi… A part ça, si Shining fait globalement du Shining, ce disque est apparemment à considérer comme une renaissance, ou en tout cas la fin de quelque chose. Le groupe s’y montre aussi intense mais plus maîtrisé, accordant plus d’attention à la mise en place et aux ambiances. Le potentiel des titres s’en trouve augmenté, et ils en profitent pour explorer ça et là quelques nouveaux territoires. On notera la présence d’Andy La Rocque sur une « Fidelis ad mortem » plus tragique, qui laisse la place à l’instrumental apaisant « Attahundratjugo » qui reprend Satie. Et on finit par l’exce(violl)ente « Den permanenta sömnen kallar » qui laisse monter la pression, la relâche et l’abandonne alternativement au cours de 10 minutes aussi éprouvantes que jouissives. Shining a donc bien fait de revenir, et sa nouvelle mouture tabasse !
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