Le post-punk chinois, ça vous parle ? Eh bien, à moi non plus. Mais rassurez-vous, après cet article, vous le connaîtrez par coeur. Bon, ok, peut-être pas de A à Z, mais au moins vous en aurez une vue parcellaire. Parce que les Re-Tros (qui signifie Rebuilding the Rights of Statues, tout un programme) sont un trio formé en 2003 et qui ont une vision toute personnelle du genre… qui n’a pour le coup sur ce nouvel album pas grand-chose à voir avec la notre, petits européens de plus en plus conformistes. Bref, Re-Tros a certes adopté les rythmiques et scansions quelque peu martiales, les influences eighties, mais il a aussi ingéré pas mal de musique électronique, et un peu d’hystérie créative dont d’habitudes ce sont leurs voisins japonais qui ont le secret. Tout ça donne une musique complètement atypique et assez barrée, que l’on a vraiment du mal à qualifier. Post kraut rock electro prog expérimental ? Oui, on peut dire ça. « Before the applause » est un disque intense et aux strates multiples, mais pas forcément facile à suivre. Mais il est intelligent : placé en tête de liste, « Hailing drums » est de ces titres qui accrochent immédiatement. « Red Rum Aviv » m’évoque le Killing Joke de « Eighties » (de loin et dans l’ombre, ok, mais quand même), et ça n’est pas un mal. Par contre, la doublette « 8+2+8 » va trop loin pour moi dans l’original. Heureusement la Twin Peaksienne « Pigs in the river » relance la machine. « At mosp here » dévale la piste electronica / goa avec délice, « The last dance, W. » aurait pu figurer sur la bande originale de « ça », et enfin « Sounds of celebration » clôt la session avec un style plus accessible mais moins intéressant. Et donc ? Effectivement, on n’y connaît toujours rien en post-punk chinois, mais on s’en fout : Re-tros, ça reste bien sympa !