
Après un silence forcé de quelques années en partie dû à la défection de son chanteur, l’allemand Morast nous revient avec un troisième album bien brut et crade de death / black doom. Avec un nouveau vocaliste donc, qui n’est autre que Zingultus (Endstille, Nagelfar, Graupel) ; ça part déjà bien. Au programme, six titres de durée modérée pour le genre (entre quatre et huit minutes), soit 34 minutes de ressentiment profond et palpable, pour un style death doom assez groovy aux vocaux qui flirtent tout de même avec le funeral et le black, des ambiances amenées par des guitares dissonantes et magmatiques (à la Disbelief), un rythme répétitif martelé mais pas tant que ça (la batterie aurait même pu être plus présente à mon sens), et un petit feeling indus dans le son. Pas mal de production sur ce disque, et de bonnes idées aussi, comme cette intro à la batterie de « A thousand and more » et sa partie vocale plus posée et inquiétante. Alors oui, ce « Fentanyl » a tous les atours d’un disque de seconde zone, un disque de niche dans la niche. Et il en est assez proche, mais s’en écarte de par la mise en valeur de ses compositions, son refus manifeste de faire un pas vers le compromis mélodique (je ne dis pas qu’il n’y a pas de mélodies, je dis qu’elles sont uniquement au service de l’ambiance des titres, pas de leur digestion par l’auditeur), sa noirceur envahissante et implacable. Est-ce un disque à écouter en toutes circonstances ? Probablement pas. Par tout le monde ? Jamais de la vie. Mais ça reste une manifestation si pure du death doom qu’elle en devient fascinante.