J’avoue. J’ai pris « Drive » pour ce qu’il n’était pas, soit un film de tuture décérébré, d’action bête et méchante, de violence physique, visuelle et intellectuelle. Je me suis trompé. Tendu, sombre, grave et humain, d’une humanité urbaine, salement contemporaine, voilà ce qu’est ce film. Épuré aussi. Le rythme y est lent, les silences y parlent autant, peut-être plus que les mots. Le personnage énigmatique de Ryan Gosling y déambule tel un fantôme, sans passé ni destination, sans réelle personnalité non plus. On lui devine une identité plutôt qu’on la connaît, et au fond, c’est bien mieux comme ça ; on serait forcément déçu. La musique du film revêt forcément également cet aspect énigmatique, rampant, froid, ne s’interdisant pas pourtant quelques coups d’éclat (on retiendra particulièrement la collaboration entre Kavinsky et Lovefoxxx de CSS). Vous l’aurez compris, on est pas ici dans l’écoute loisir, entouré de quelques verres et accompagné d’un bon ami (ou le contraire, à vous de voir, l’abus d’alcool étant dangereux pour la santé) mais plutôt d’un score intimiste, à écouter dans le calme et la solitude, ou pourquoi pas au volant, sur une route sombre, en route vers nulle part…