
King Hannah, c’est l’alliance de Hannah Merrick et de Craig Whittle. Deux loustics qui se sont rencontrés au bar ; ça ne s’invente pas, et ça pose l’ambiance. Sinon, musicalement, ça ressemble à quoi ? A un mélange entre blues rock, trip hop et americana / gothicana. La comparaison avec Nick Cave n’est pas incongrue : c’est vrai qu’il y a quelque chose, dans ces tons caverneux, dans ce rythme assez neurasthénique, presque doom parfois, dans ces ambiances lynchiennes qui peuvent l’évoquer. Et ce que ce soit l’un ou l’autre qui officie derrière le micro. King Hannah n’est pas ce qu’on s’imagine quand on parle de nouveau groupe à la mode en Angleterre. Il ne produit pas de la musique immédiate, ni même pop. Aucune de ses chansons ne caracolera en tête des charts. Si vous passez sa musique en soirée, il est possible que vous engendriez au moins un début de dépression. Mais le groupe a la classe, et sa musique aussi. Booon, c’est sûr, King Hannah tombe bien avec son brouillard shoegaze, et à quelques mois ou années près, il n’aurait peut-être pas été reçu avec les éloges par un label, mais voilà, il est là et on ne va pas s’en plaindre. Et puis, on se rend rapidement compte que King Hannah va plus loin et plus profond que le shoegaze. Plus noisy, plus destructurée, plus cafardeuse, moins dreamy, sa musique berce autant qu’elle empoisonne l’âme. Le point noir de cet album, comme souvent, c’est le côté assez similaire des titres, autant dans l’ambiance que l’instrumentation et les thèmes. Lorsqu’on creuse un peu, on se rend compte que c’est plus du ressenti qu’autre chose, que finalement le format est assez fluctuant, et que même si les similitudes sont nombreuses et évidentes, le groupe est parvenu à faire de cet album un tout homogène et solide. Pour le futur, il serait bénéfique que les albums soient plus variés ou un peu plus immédiats, mais King Hannah a en tout cas fait peser une ambiance et une personnalité uniques ici.